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Autobiographie de :

 

TORTUE GENIALE

(Ne pas être frileux pour gagner)

 

 

 J'ai passé mon enfance dans un petit village du Cher. Je me souviens qu'après l'école, je rentrais à pieds en longeant les champs de maïs. Il y avait aussi ce taureau dont me parlait souvent mon camarade de classe. Selon lui, il était très agressif et pouvait même défoncer les barbelés, ce qui faisait que je ne me sentais jamais en sécurité quand je longeais son enclos. En arrivant à la maison, je trouvais souvent ma mère qui épluchait déjà les carottes ou les pommes de terre pour la soupe du soir. Mon père arrivait plus tard et nous mangions toujours à 20 heures précises. Je n'osais pas leur parler du taureau mais souvent, je peinais à m'endormir en pensant que le lendemain, je devrai à nouveau longer sa clôture, espérant que le fermier l'aurait déplacé dans un autre champ. Un soir pourtant, alors que mon père était en retard, je me décidais à évoquer l'animal. Ma mère comprit que j'étais inquiet et elle essaya de me rassurer en m'expliquant que mon camarade de classe était un affabulateur. Je n'étais qu'à moitié convaincu, car j'avais vu une vieille clôture de fils de fer barbelés par terre et mon camarade de classe me l'avait présenté comme l'oeuvre de la terrible bête. Depuis j'ai bien grandi, mais cette peur des bovins m'est restée.

 

  Je pars tous les matins à 8h pour mon travail. Je suis employé par une grande société et l'essentiel de mon activité se fait dans un bureau. Il y a bien sûr les pauses café où l'on se retrouve à plusieurs pour discuter de l'actualité. Mais je considère mon travail comme un gagne-pain, et je suis bien content lorsque je quitte mon bureau à 17 h. Je ne vous ai pas dit, mais à midi, plutôt que d'aller avec mes collègues au self de l'entreprise, j'aime aller de tant en tant manger un steak cru chez Minimax, juste en face de nos locaux, histoire d'avoir le ventre bien rempli pour attaquer l'après-midi. Dans ce cas, je mange seul. Mais une fois, un type avec un bonnet est venu s'assoir à ma table. Au début, j'ai été un peu surpris, ce type avait un bonnet dans le restaurant, et il s'était assis juste en face de moi. Il m'a dit : "magicien ?" mais comme je ne savais que répondre, il a dit "encore raté ! ", s'est levé et est reparti et je ne l'ai plus revu. Voilà le genre d'événements bien rares qui peuvent venir perturber ma petite vie bien tranquille. Le soir, quand je rentre chez moi, j'aime lire. En ce moment, je lis "le monde s'effondre" de Chinua Achebe. C'est plus passionnant que ce que je suis en train de vous raconter mais ma vie va peut-être bientôt changer, j'ai un pressentiment...

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